Semaine 10 – Poser un pas après l’autre, vers soi

« Tu n’as pas besoin d’être prêt. Tu as juste besoin de commencer. »

Avez-vous une idée du nombre de projet que vous avez laissés en suspens, de rêves remisés au grenier, de désirs reportés à "plus tard"... ?

Quand j'aurais plus de temps, plus d’assurance, plus d’énergie, plus d’argent, plus de compétences... ou quand je serais moins... etc.

Or, ce "plus tard" est bien souvent un piège, un temps qui n'arrive jamais. Un espace où l’on disparaît lorsque l'on fait passer les autres ou la raison avant ses besoins et ses propres envies. Ou encore où l'on se retrouve prisonnier(e) de ses exigences, en attendant que tout soit enfin parfait.

Ce moment précis, c'est celui où nous avons le sentiment d'être au pied d'une immense montagne à gravir, et où nous nous trouvons de multiples raisons de ne pas nous engager sur le chemin.

Parce que cela va être difficile. Parce que nous allons devoir affronter des peurs.

Oui, c'est vrai, tout désir important va nous confronter à ces étapes inconfortables.

Mais le mettre de côté en attendant "un meilleur moment" ou d'être "davantage prêt(e)" n'est qu'une manière déguisée de reculer, de remiser nos envies profondes, celles qui comptent, qui nous épanouiraient, pour éviter cette traversée anxiogène.

Le cœur du problème, ce n’est pas que vous n'êtes pas prêt(e). C’est que vous pensez devoir l’être et tout maîtriser avant de vous lancer. Or, c’est rarement ainsi que la vie fonctionne.

La vérité, c’est qu’on ne devient pas prêt en réfléchissant : on devient prêt en avançant.

L’illusion du moment parfait

Nous croyons souvent qu’il faut "se sentir prêt(e)" pour agir. Comme si l’élan devait venir de l’intérieur, comme une étincelle de confiance ou de motivation. Mais dans la grande majorité des cas, cette étincelle n’arrive pas toute seule : elle vient en chemin, pas avant le départ.

Cette illusion du bon moment nourrit la procrastination. On se dit qu’on attend les "bonnes conditions". En réalité, on repousse parce qu’on a peur. Peur de mal faire. Peur de l’échec. Peur d’être jugé(e). Ou parfois même, peur de réussir – et de tout ce que cela impliquerait ensuite.

Mais pendant ce temps-là, la vie attend. L’énergie stagne. L’élan intérieur s’éteint.

Ce que l'on risque vraiment

Ce qui nous bloque, ce n’est pas tant l’action en elle-même, mais le scénario catastrophe qui se dessine dans notre tête à l’idée d’agir.
On imagine que si l’on se lance et qu’on échoue, ce sera terrible. On se sentira nul(le), on sera rejeté(e), on perdra l’estime des autres (ou la nôtre). Parfois, même de simples démarches (téléphoner, postuler, proposer une idée…) deviennent des monstres intérieurs tétanisants.

Mais si l'on regarde bien : qu’a-t-on réellement à perdre en faisant un petit pas ?
Un peu de gêne ? Un inconfort temporaire ? Une maladresse ? Peut-être un regard désagréable, ou une remarque piquante ?

Oui, c'est possible. Parfois ce que l'on redoute se produit. Mais d'autres fois, il ne se passe rien de ce que l'on avait imaginé.

En revanche, lorsque l'on reste en sécurité, loin de ces peurs, en n'agissant pas, on perd beaucoup sans toujours s'en rendre compte : notre confiance s’érode, notre désir s’étouffe, nos élans s’émoussent...

Le vrai danger qui se profile, ce n’est pas tant de rater, mais de rester figé(e).

L’imperfection comme moteur

Personne ne commence en étant bon, fluide, confiant. On apprend en pratiquant.
Ce n’est pas l’absence d’erreurs qui rend compétent, c’est la répétition, l’audace, les tâtonnements.

Un texte mal écrit peut devenir un très bon chapitre une fois retouché. Un pas maladroit peut être le début d’une danse. Une première vidéo hésitante peut marquer l’ouverture d’une parole forte.

Ce que l'on appelle "brouillon" ou "pas prêt" est en réalité le premier jet vivant de quelque chose d’important. L’énergie de départ, brute, sincère, imparfaite… mais vivante.

N'est-ce pas ce que l'on ressent avec émotion lorsque l'on regarde un enfant qui apprend à marcher et lâche la main de ses parents pour faire ses premiers pas seul ?

Bien sûr, il titube par moments, parfois il tombe. Mais que ressent-on en le regardant ? On s'extasie devant son courage et sa volonté. Devant son désir ardent de trouver son autonomie et enfin se déplacer de lui-même, librement.

D'ailleurs, très vite il prend confiance et réussit à maîtriser ses jambes avec adresse. Cette première phase d'apprentissage ne dure guère longtemps...

L’action transforme l’identité

Chaque fois que vous posez un geste, même petit, même tremblant, vous transformez votre rapport à vous-même.
Vous n’êtes plus simplement la personne "qui pense à…", "qui aimerait bien…", "qui se demande si…", vous devenez celle ou celui "qui est en train d’agir".

Et cela change tout. Car le mouvement crée de la clarté, de la confiance, du courage.
Vous n’avez pas besoin de savoir comment vous allez franchir les dix prochaines étapes. Vous avez seulement besoin de faire la première.

C’est dans l’élan que vous trouverez votre direction.

Cesser de se comparer

Il est fréquent de se figer en se sentant "moins bon", "moins prêt", "moins légitime" que d’autres. Vous vous comparez peut-être à celles et ceux qui ont dix ans de pratique, des centaines de retours, une communauté bien établie, une image d’expert… Et forcément, face à cela, vous vous sentez petit(e), en retard, ou pas assez.

Mais on oublie souvent une chose essentielle : ce que vous voyez chez les autres est le fruit d’un long chemin. Vous, vous en êtes aux premières marches. Et c’est parfaitement honorable. C’est même précieux.

L’important, ce n’est pas de briller tout de suite.
L’important, c’est de faire quelque chose de vrai. De vivant. D’authentique.
Même si c’est discret. Même si c’est imparfait. Même si c’est encore fragile.

Le pouvoir du premier pas

Alors aujourd’hui, posez un premier pas.
Un pas simple. Un pas faisable. Un pas qui ne demande pas que vous soyez parfait(e), juste que vous soyez présent(e).

Car c’est toujours le premier pas le plus difficile… et le plus transformateur.

"Aujourd'hui, je choisis d'aller vers ce qui m'appelle."