Semaine 5 – Faire face à ses peurs et les apprivoiser

Cette semaine, je vous propose d’ouvrir un espace intérieur d’écoute, un lieu intime et bienveillant en vous, pour accueillir vos peurs.

Non pas pour les fuir, les juger ou les combattre, mais pour apprendre à les écouter, à les reconnaître, à les comprendre.
Car en réalité, ce que l’on repousse avec force revient souvent avec encore plus d’intensité.
En physique, on appelle cela la loi de l’action-réaction : plus vous exercez une pression sur quelque chose, plus cette chose résiste avec une force équivalente en retour.

Il en va de même pour nos émotions. Ce que l'on tente d’étouffer se contracte, résiste, et finit par occuper tout l’espace.
Mais lorsqu’on accueille cette émotion, lorsqu’on cesse de lutter contre elle et de vouloir la faire disparaître, de façon paradoxale, la tension diminue. Et un nouvel équilibre plus paisible peut alors s'installer.

Vos peurs ne sont pas vos ennemies.


Ce sont des parts sensibles de vous, souvent anciennes, très fidèles, qui apparaissent pour vous protéger, et qui agissent en fonction des ressources que vous aviez à l'époque où elles se sont développées, sans pouvoir s'ajuster à vos nouvelles capacités. Elles restent figées à l'époque où elles sont apparues.

En leur offrant un espace d’écoute, vous cessez de les subir et vous commencez à faire équipe et à marcher à leurs côtés.

Dans le silence de l’hiver, tout comme la nuit, alors que tout ralentit et que l’agitation extérieure s’apaise, vos peurs peuvent se faire entendre plus clairement. Et si, cette fois, vous vous arrêtiez pour les écouter autrement ?

Car une peur ignorée devient souvent une résistance invisible. Elle se rigidifie, s’infiltre dans vos choix, vos comportements, vos hésitations.
Elle peut vous amener à procrastiner, à fuir ce qui compte, à saboter vos élans.
Mais une peur accueillie, entendue, comprise… peut devenir une alliée.
Elle peut vous montrer ce qui est fragile, précieux, encore en attente d’amour et de sécurité en vous.

Ce que nous allons explorer ensemble cette semaine

Nous allons déconstruire la croyance souvent implicite que nos peurs seraient des signes de faiblesse pour apprendre à les regarder autrement. Elles sont souvent les gardiennes de nos blessures et de nos vulnérabilités. Et derrière chacune de nos peurs, il y a un besoin fondamental non nourri : souvent un besoin de sécurité, de reconnaissance, d’amour, de liberté, ou de légitimité.

Si, face à la peur de cet enfant, nous nous mettons à le critiquer, à le presser d'avancer, à le menacer de laisser là et de partir sans lui s'il n'avance pas, sans tenir compte de sa peur, nous ne réussirons qu'à le bloquer davantage. Il va perdre confiance en nous et en lui, se sentir peut-être honteux ou en colère, se replier, et sa peur n'aura pas diminué.

À l'inverse, si nous accueillons avec patience et bienveillance sa peur, et lui laissons le temps de l'apprivoiser, de laisser le désir d'avancer et la fierté de surmonter sa peur reprendre le dessus, alors il aura grandi, pris confiance en lui, et gagné en force intérieure.

C'est la raison pour laquelle nous n'allons pas cherchons pas à faire disparaître nos peurs, mais à ne plus leur laisser le contrôle silencieux de notre vie, en apprenant à répondre à leurs besoins cachés. Cet enfant ici a besoin d'être reconnu et respecté dans son rythme, et de trouver son espace de sécurité pour pouvoir avancer.

De la même manière, dès que nos propres besoins cachés seront écoutés et pris en compte, nos peurs s'apaiseront automatiquement d'elles-mêmes et nous libèreront de la paralysie et de l'emprise qu'elles exercent sur nos vies et nos choix.

Certaines peurs sont faciles à nommer. D’autres se cachent derrière des comportements, des justifications ou des silences. Pourtant, elles influencent nos choix, nos élans, nos renoncements.

Derrière chaque peur, il y a un besoin précieux, légitime, parfois oublié ou non reconnu. En l’accueillant, nous pouvons reconnaître ce besoin, l’honorer, et choisir d’agir autrement.

Quelques exemples de peurs paralysantes :

🟣 Ingrid repousse sans cesse le lancement d’un projet qui l’appelle profondément. Elle dit qu’elle attend "le bon moment", mais ce qu’elle attend surtout, c’est d’être sûre de réussir.

Sa peur de l’échec est en réalité une peur de perdre l’estime d’elle-même. Elle a besoin de se sentir capable, soutenue, légitime.

En accueillant cette peur, elle pourrait lui dire :

"Je sais que tu veux m’éviter une chute. Merci de ta présence vigilante et protectrice. Mais aujourd'hui je n’ai plus envie d’être parfaite avant de pouvoir me lancer. Je peux apprendre, et je peux avancer pas à pas."

🟣 Thomas reste dans une relation de couple qui l’étouffe, car il a peur de se retrouver seul. Il a peur de la solitude, et de ce vide oppressant qui l'angoisse.

Ce qu’il cherche à préserver, ce n’est pas tant la relation, mais un besoin de sécurité affective. Il a besoin de reconnaissance, de présence, d’exister dans le regard de l’autre.

En accueillant cette peur, il pourrait lui dire :

"Je comprends que tu veux m’éviter de souffrir de solitude, mais rester dans une relation qui ne me convient plus devient pesant et abime mon estime de moi et mon espoir en la vie et en l'amour. Aujourd'hui, je veux apprendre à me sentir bien avec moi-même, à me sentir entouré et aimé, même quand je suis seul. Je peux exister par moi-même."

🟣 Louis refuse de montrer ses émotions qui lui donnent le sentiment d'exposer sa vulnérabilité. Il s’enferme dans l’humour et ne veut que se montrer fort et admiré.

Il a peur d’être perçu comme faible, fragile, inadapté. Son besoin est celui d'être respecté, reconnu, accueilli dans sa sensibilité sans être diminué.

À sa peur, il pourrait dire :

"Je comprends que tu veux me garder fort. Mais cela m'oblige sans cesse à porter un masque et à être un autre face aux autres. En étouffant tout une partie de moi qui se sent honteuse et triste, qui a peur d'être découverte. J'ai envie aujourd'hui de me montrer davantage tel que je suis, je sens que je suis capable davantage de supporter les jugements sans que cela ne me touche autant qu'avant, et d'aller vers ma sensibilité profonde qui peut devenir une grande force."

Lorsque vous accueillez une peur, posez-vous cette question simple et puissante :
"De quoi ai-je profondément besoin à cet endroit-là ?"
Et ensuite :
"Comment puis-je répondre à ce besoin avec bienveillance, au lieu de me bloquer ou de me fuir ?"

Accueillir une peur, ce n’est pas l’effacer.
C’est lui donner une voix, pour qu’elle n’ait plus besoin de crier, ni de saboter ce qui compte pour vous.
C’est reconnaître le besoin qu’elle révèle, et vous offrir la réponse qu’elle attend depuis longtemps.

Et vous, quelles peurs vous accompagnent au quotidien ?
Certaines sont peut-être discrètes, bien dissimulées sous des "je n’ai pas le temps", "ce n’est pas le moment", "ce n’est pas si important"...
Et pourtant, elles influencent vos choix, vos silences, vos renoncements.

Cette semaine, je vous invite à regarder vos peurs avec douceur, à leur donner une voix, à entendre ce qu’elles veulent vous dire, et à reprendre peu à peu votre juste place face à elles.

Il ne s’agit pas de les faire taire à tout prix, mais d’apprendre à marcher à leurs côtés, avec lucidité, courage et tendresse.

🕯️ Voici des intentions possibles pour cette semaine :

"Je regarde mes peurs avec douceur.
Je comprends qu’elles cherchent à me protéger.
Je les écoute… et je continue d’avancer, librement."