Semaine 8 – Reprendre mon pouvoir sur ma vie : explorer ce qui m’en empêche

⭐ Intention de la semaine :

Explorer les zones de vie où je me sens impuissant(e) ou obligé(e), pour mieux comprendre ce qui m’empêche de me réapproprier mon pouvoir.

Identifier les chaînes invisibles, les loyautés inconscientes et les peurs liées au fait de reprendre sa place de sujet, acteur(trice) de sa propre vie.

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Sortir des schémas d’autosabotage, ce n’est pas seulement apprendre à se parler avec bienveillance, ou à identifier ses peurs : c’est aussi — et peut-être surtout — oser se réapproprier son pouvoir personnel.

Et ce chemin-là, aussi essentiel soit-il, peut faire peur.

Parce qu’il s’agit parfois de rompre avec des fonctionnements très anciens, transmis, intégrés, répétés.
Il s’agit d’oser dire non là où l’on a toujours dit oui, par habitude, par amour, par peur de blesser.
Il s’agit de commencer à assumer ce qui nous appartient, même si cela nous met face à des émotions que l’on avait l’habitude d’éviter : l’anxiété, le doute, l’insécurité.

Reprendre son pouvoir, c’est aussi accepter de ne plus jouer le rôle de l’enfant sage que l'on a appris, qui cherche à être aimé(e), qui se tait pour ne pas déranger, et qui se suradapte pour ne pas risquer le rejet.

C’est un retour à soi. Lent. Courageux. Réparateur.
Un geste d’amour envers l’adulte que l’on est devenu(e).

🌿Situation de Mélodie

Mélodie a 37 ans. Elle a entrepris une psychothérapie parce qu’elle se sent bloquée dans sa vie. Elle souffre de solitude et aimerait construire une vie de couple et avoir des enfants.
Mais je découvre rapidement, au fil des séances, la place immense que sa mère occupe dans sa vie.

La relation qu’elles entretiennent est marquée par une forme de dépendance étouffante, une proximité qui, sous couvert de bienveillance, devient toxique.

Elles s'appellent plusieurs fois par jour, sa mère gère notamment ses comptes, et chaque dépense doit être justifiée et validée par elle. Mélodie cache d'ailleurs le paiement de ses séances de thérapie, par peur des reproches qu'elle risque de lui adresser. Elle craint que sa mère n’essaie de la convaincre d’arrêter, comme elle l’a déjà fait pour d’autres démarches.
Au-delà de l’argent, sa mère s’immisce aussi dans sa vie sociale et affective, critiquant ses relations, semant le doute sur les intentions de ses ami(e)s ou rencontres amoureuses. Petit à petit, ces remarques abîment les liens que Mélodie tente de tisser, l’isolent, la renvoient chez elle, là où elle se sent à la fois protégée… et enfermée.

Lorsque je l’interroge sur cette emprise, sur le fait que sa mère contrôle ses finances, Mélodie répond qu’elle “aime bien que ce soit sa mère qui s’en occupe” — avant d’ajouter, plus bas, qu’elle se sent aussi piégée, comme incapable de s’en détacher.

Aujourd’hui, elle sent qu’un mouvement est nécessaire si elle veut aller mieux. Un mouvement subtil mais profond : celui de reprendre ce qui lui appartient.

Mélodie aurait besoin de :

  • Reprendre en main sa comptabilité, même si cela génère chez elle une forte anxiété.

  • Assumer ses démarches administratives, au lieu de les déléguer.

  • Dire non aux intrusions, poser des mots clairs face aux remarques dévalorisantes sur ses amis ou ses choix.

  • Et surtout, commencer à dire : “Merci, je vais m’en occuper.”

Mais cette démarche n’est pas confortable. Elle vient bousculer des peurs très anciennes, profondes, viscérales :

  • La peur de blesser sa mère.

  • La peur de déclencher de la colère, du chantage affectif, du silence.

  • La peur de se sentir coupable, mauvaise fille, ingrate.

  • Et, au fond, la peur d’avoir à tout gérer seule… et de ne pas en être capable.

C’est un passage délicat, exigeant, mais aussi libérateur. Car à travers ce mouvement, Mélodie va commencer à s’habiter elle-même. À faire de la place à la femme qu’elle est, et non plus à l’enfant qui se suradapte et se soumet aux désirs de sa mère.

Quand je lui propose de compléter la phrase "J'aimerais... mais...", Mélodie écrit dans son carnet personnel :

J'aimerais pouvoir reprendre la gestion de mes comptes bancaires mais j'ai peur de la réaction de ma mère.

Complétez de votre côté cette phrase avec votre propre situation personnelle. À quel endroit vivez-vous un conflit entre ce que vous désirez, ce que vous sentez qui serait bon pour vous, et une peur profonde qui vous paralyse ?

🔮 Tirage de tarot – Reprendre son pouvoir face à l’emprise parentale

Voici le tirage que Mélodie a réalisé pour mettre en lumière les enjeux affectifs dans lesquels elle est bloquée.

Carte 1 : Où ai-je cédé mon pouvoir ?

Cette carte met en lumière l’espace de vie ou de relation où Mélodie a renoncé à son autorité intérieure.

Le Roi de Coupes est une figure profondément émotionnelle, mature et bienveillante, mais aussi parfois trop conciliante, qui peut s'effacer pour maintenir la paix.
Ici, il indique que Mélodie a cédé son pouvoir dans le domaine de ses émotions et de sa sécurité affective.
Elle a laissé le “pouvoir du cœur” à sa mère : celui de décider ce qui est bon pour elle, ce qui est acceptable ou non dans ses relations, dans ses dépenses, dans ses choix.
Elle a voulu rester dans l’amour, la loyauté, la compréhension… quitte à renoncer à elle-même pour éviter les vagues.

Voici ce que les guides de Mélodie qui veillent sur elles peuvent lui dire à travers cette carte :

"Ton désir de préserver la relation t’a conduite à laisser l’autre définir ton espace émotionnel. Mais tu es capable aujourd’hui de devenir ta propre source d’apaisement et de guidance intérieure. Tu peux aimer ta mère sans te trahir en t'effaçant."

Carte 2 : Quel bénéfice inconscient en ai-je tiré jusqu’ici ?

Parce qu’on ne reste jamais dans une posture sans raison, cette carte explore ce que cette dépendance a permis d’éviter : la peur de l’échec, l’angoisse de la solitude, le risque du conflit, le poids de la responsabilité…
Elle aide à reconnaître que l’auto-enfermement de Mélodie a pu, jusqu'à présent, protéger quelque chose de fragile en elle.

Cette carte parle de défense, de vigilance extrême, de fatigue émotionnelle.
En laissant sa mère gérer sa vie, Mélodie a protégé une partie vulnérable d’elle-même.
Elle a gardé une position prudente, en retrait, comme si elle se tenait prête à encaisser. Cela lui a permis de se sentir en sécurité, de ne pas se confronter au vertige de l’indépendance, à la peur de mal faire, ou d’échouer.

Message :

"Tu as construit des barrières pour ne pas tomber. Et ils t’ont tenue debout. Mais aujourd’hui, ils t'enferment et t'empêchent de respirer. Il est peut-être temps d’en ouvrir une brèche, pour que la lumière et la vie puissent entrer."

Carte 3 : Quelle énergie puis-je convoquer pour me réapproprier mon pouvoir aujourd’hui ?

Une ressource intérieure à réveiller, un pas symbolique à poser, un modèle inspirant pour avancer.
Cette carte indique comment commencer à reprendre sa place, sans brutalité mais avec courage et cohérence.

Le 2 de Bâtons parle d’ouverture, de projection, d’un appel vers autre chose.
C’est la prise de conscience qu’un autre mode de fonctionnement est possible, que l’avenir n’est pas figé.
Cette carte invite Mélodie à sortir de l’étau de la peur, et à commencer à imaginer une autre vie, dans laquelle elle prend des décisions, même petites, même imparfaites, mais qui lui appartiennent.

Message :

"Tu n’es pas obligée de tout bousculer. Mais tu peux commencer à regarder au loin. À rêver. À sentir en toi ce mouvement naissant vers autre chose. Ta route commence par une intention claire : celle de te choisir."

L'éléphanteau et son piquet

Il existe une forme d’impuissance qu’on ne remet même plus en question, parce qu’on l’a apprise très tôt.
C’est ce qu’on appelle l’impuissance acquise : ce moment où, à force de ne pas réussir à changer une situation, on finit par croire qu’il n’y a plus rien à tenter.
Alors on s’adapte, on se résigne et on survit en s'éteignant intérieurement.

C'est l'histoire de l’éléphanteau attaché à son piquet.
Alors qu'il est encore tout petit, on attache une corde à sa patte reliée à un simple piquet. L’éléphanteau essaie de se libérer, tire, lutte… mais il est trop jeune, trop faible. Il n’y parvient pas.
Alors il finit par renoncer. Il apprend que c’est inutile de résister.
Et plus tard, une fois adulte, devenu un éléphant puissant, capable de déraciner des arbres… il reste attaché à ce même petit piquet.
Il ne tente même plus de s’en libérer. Parce qu’il croit toujours qu’il ne peut pas.

Cette histoire est profondément triste et remuante. Or, elle nous ressemble parfois.
Certaines situations, certaines croyances, certains conditionnements nous ont liés dès l’enfance. On a essayé de dire non, de se rebeller, de demander… mais cela n’a pas été entendu. Alors on a plié. On s’est tu.
Et même aujourd’hui, adulte, libre dans les faits, on peut encore rester lié à un piquet imaginaire, simplement parce qu’on ne pense plus à tirer sur la corde.

Les phrases que l’on dit qui ressemblent à :

“Je n’ai pas le choix.”

parlent souvent de ces chaînes invisibles construites il y a longtemps qui nous retiennent aujourd'hui émotionnellement.

Parfois, elle reflète une réalité. Il y a des responsabilités à assumer, des contraintes bien réelles, des choses qui ne peuvent pas être évitées.

Mais dans d'autres cas, cette phrase agit comme un verrou invisible.
Elle vient s’installer entre soi et son pouvoir personnel, empêchant de sentir que, quelque part, on peut encore choisir.

Ce que cette phrase révèle, au fond, c’est un sentiment de contrainte intérieure.
La sensation d’être obligé(e), d’avoir à répondre aux attentes, de devoir assurer.
On devient celui ou celle qui tient bon, qui gère, qui prend sur soi.
On endosse des rôles : la fille ou le fils loyal(e), le parent fiable, le partenaire compréhensif, le professionnel compétent…
Et petit à petit, on peut perdre de vue ce que l’on veut vraiment, ce qui nous ferait du bien, ce qu’on choisirait si on s’écoutait pleinement.

“Le plus grand pouvoir que nous ayons, c’est de pouvoir choisir nos réponses face aux circonstances.”
Viktor Frankl

Même dans les zones contraintes, il reste un espace de liberté à retrouver. Un endroit où notre réponse peut devenir un choix.

Ce que le mot Pouvoir vous évoque

C’est un mot chargé. Dans les groupes que j'anime, souvent il fait peur et évoque quelque chose de dominateur, d’égoïste, de trop… parfois de violent.
Et pourtant, il n’a rien à voir avec la volonté de contrôler les autres ou de tout maîtriser.

Le pouvoir personnel, c’est cette force tranquille qui vit à l’intérieur.
Celle qui permet de dire oui quand c’est oui. De dire non quand c’est non.
Celle qui autorise à se recentrer, à écouter ce qui est bon pour soi, à reprendre sa place.

C'est le masculin bienveillant, solide, ancré, paisible.

Mais selon nos histoires personnelles, familiales, ce pouvoir a peut-être été jugé, interdit, utilisé pour soumettre l'autre.
Dans votre famille, vous avez peut-être appris qu’il ne fallait surtout pas faire de vagues. Ou un modèle autoritaire vous a été imposé que vous rejetez intérieurement.

Vous avez peut-être grandi en croyant que le pouvoir n’était pas accessible pour vous, ou qu’y toucher ferait de vous quelqu’un de dur, d’égoïste, ou de dangereux.

Mais quand on se sent impuissant(e), c'est la plupart du temps parce que l'on a remis notre pouvoir à quelqu’un ou quelque chose :

  • Une peur ancienne

  • Une habitude devenue prison

  • Une voix critique qu’on a intégrée

  • Une fidélité invisible à une figure parentale, à une lignée, à un système

Peut-être que, quelque part en vous, il y a cette croyance :

“Si je reprends mon pouvoir, je risque de blesser, de décevoir, d'être critiqué(e), exclu(e).”

Alors vous protégez. L’image d’un parent, un équilibre familial, une loyauté à ceux qui n’ont pas pu, pas su, pas osé.
Mais à force de protéger les autres, vous risquez de vous abandonner, de vous trahir vous-même.

Reprendre son pouvoir, ce n’est pas dominer.

Ce n’est pas écraser. Ce n’est pas se fermer au monde ou imposer sa loi.

C’est cesser de vivre uniquement dans l’obligation ou la survie.

C’est retrouver un espace de liberté, aussi petit soit-il, l'on peut dire : je choisis.

Vous n'avez pas besoin de tout transformer en une semaine. Mais vous pouvez commencer à reconnaître les endroits où vous vous êtes effacé(e), les zones de votre vie où vous n'avez plus l’impression d’avoir la main.

Et puis, avec douceur, tendresse et patience, vous pouvez recommencer à les habiter. À reprendre ce qui est à vous. À vous sentir vivant(e) dans vos choix, vos refus, vos élans.

“Le plus grand acte de rébellion est d’habiter pleinement sa propre vie.”

Clarissa Pinkola Estés

Et cette rébellion-là commence toujours dans un mouvement intérieur, minuscule peut-être, mais profondément transformateur.